Patte Automnale gémit. La piste s'effaçait ! La pluie diluvienne qui venait de s'abattre sur la chatonne allait détruire tous ses espoirs de survie. Voyant les empreintes de sa sœur disparaître peu à peu et sentant le découragement la gagner, elle s'abrita sous un buisson. Une fois au sec (enfin, autant qu'on peut l'être sous un buisson en pleine averse), elle s'ébroua et commença à sangloter. Il faisait froid, il faisait sombre, il pleuvait, elle avait peur, et, par-dessus tout, elle était seule...

La jeune chatte tigrée ferma les yeux très fort. Elle ne pouvait pas se laisser abattre. Sinon, elle mourrait. Et ça, il n'en était pas question. Elle devait bien cela à sa famille. Sauf à sa sœur, la lâcheté incarnée dans un corps de chat... Patte Automnale serra les dents à cette pensée. Sa volonté revenue, elle décida que pour le moment, elle n'était bonne à rien, pas même à la réflexion ; et, faisant taire les plaintes de son estomac vide, elle se roula en boule sous le buisson et s'endormit.

Le lendemain, lorsque la chatonne rousse s'éveilla, la pluie avait cessé. Elle rejoignit l'endroit où, la veille encore, il y avait eu une piste et observa attentivement le sol humide : rien. Lâchant un léger soupir, elle se détourna et s'enfonça plus profondément dans la forêt. Elle erra un long moment à travers les arbres en poussant des miaulements retentissants. *S'il y a quelqu'un ici, on finira pas bien par chercher d'où vient tout ce boucan*, pensait-elle.
En effet, plus tard, elle aperçut un pelage roux derrière un chêne. Épuisée, Patte Automnale s'avança et bredouilla :

- Qui... Qui es-tu ?

*Nuage d'Agrume était dans une forêt trempée. Chaque feuille, chaque branche, chaque brindille ruisselait. La guerisseuse ne connaissait pas cette endroit, elle ne se rappelait pas l'avoir aperçu un jour. Elle avança à taton, sans but précis. Elle entendit des chats hurler, et elle se mit à courir, terrifiée. D'où venaient ces cris ? A qui appartenaient-ils ? La rouquine sentit ses pattes défaillirent sous elle et, au bord d'un falaise, l'apprentie glissa et tomba. La jeune chatte ferma les yeux, priant tout les chats du clan des etoiles. Elle tenta une petite ouverture d'un oeil et droit devant elle, elle put voir....*

...la mousse de sa litière. La guerrisseuse sauta sur ses pattes, le souffle haletant. Que voulait dire ce rêve étrange ? Elle sentit son coeur battre de plus en plus vite, elle ne parvenait pas à reprendre son souffle. Elle courut a l'exterieur et s'effondra sur le sol chauffé par le soleil. Peu à peu, la tigrée se calma et les larmes qui avaient commencé naquit au bord de ses yeux disparurent.*Mais pourquoi est ce que le clan des etoiles m'a fais cette frayeur ?!*Pensa t-elle, enervée. Elle se releva, jeta un regard des deux côtés en esperant que personne ne l'ai vu et sortit du camp la queue haute.* Si il veut me prévenir d'un problème, il n'à qu'a le faire et il n'est pas obligé de me faire voir la Mort !* Agrume marcha d'un pas agacé, tapant dans les petits cailloux. Mais soudain, elle s'immobilisa, la patte haute. Les yeux ronds comme des billes, elle inpecta les alentours.*Dites moi que c'est une blague...*La guerrisseuse venait d'entendre des cris...de chaton. Elle se précipita vers la droite.

La jolie femelle rousse tomba nez à nez avec une minuscule chatte tigrée. La pauvre était incroyablement maigre et son regard en disait long sur son passé et sa fatigue.
- Qui... Qui es-tu ?
L'apprentie sourit tendrement, dans un soupir de soulagement. La petite aller suffisement bien pour parler.
-Je m'apelle Nuage d'Agrume. Je...je peux prendre soin de toi, fais moi confiance.
Elle avança doucement, de façon à ne pas effrayer son interlocutrice. Certes, Agrume savait être dure, manipulatrice et même dangereuse. Mais sa vraie nature était douce, et ses yeux le prouvait. Elle regardait la petite chatte comme une mère regarderait son enfant. On pouvait lire dans ses grandes pupilles tout l'amour, la quiétude et la compréhension du monde. C'était chez elle un don.

Une jeune femelle, au regard empli de douceur, vint à la rencontre de Patte Automnale.

-Je m’appelle Nuage d'Agrume. Je...je peux prendre soin de toi, fais moi confiance.

Nuage d'Agrume, en face, se mit à avancer doucement, lentement. La chatonne se sentit aussitôt en confiance : elle ne recula pas, mais se laissa tomber par terre lorsque ses pattes se dérobèrent sous elle. Elle était vraiment épuisée, mais elle était aussi soulagée d'être enfin entre de bonnes pattes, après tant d'errances. Elle parvint à esquisser un sourire faible, et à remercier sa sauveuse :

- Mer...ci. Je suis...Pa...Patte Auto...mnale.

La petite chatte, dans un état de fatigue extrême, commença à papillonner des paupières... Elle ferma les yeux très fort et articula, encore plus faiblement :

- Où... suis-je ?

Des taches noires dansaient devant ses yeux, obstruant son champ de vision... Patte Automnale perdit connaissance et s'effondra sur le sol en une petite boule de fourrure rousse, poussiéreuse, qui respirait lentement.

Le chaton souria faiblement.

- Mer...ci. Je suis...Pa...Patte Auto...mnale.

La guerisseuse lui rendit son sourire éclatant.*Tiens, c'est joli ça...*Agrume ne lachait pas la petite boule de poils du regard. La pauvre semblait épuisée et ne tenait plus sur c'est pattes.

- Où... suis-je ?

La femelle rousse ouvrit la bouche mais s'interrompit. Elle eu tout juste le temps de se glisser sous Patte Automnale avant qu'elle ne s'éffondre. Lentement, l'apprentie se releva, en laissant le corps transpirant sur son dos. Elle pouvait sentir le faible battement de coeur et la respiration haletante de la petite femelle. En faisant très attention, elle se mis en route vers le camp. Elle se précipita avec habilité dans sa tanière et déposa le corps poussiéreux au sol avant de se ruer vers l'extérieur.
Quelques minutes plus tard, la féline revint la bouche pleine de mousse et avec une souris coicée entre deux crocs. Elle déposa le tout avant de s'appliquer à faire une litière pour le chaton. Bientot, elle déposait Patte Automnale dans un nid douillé. La guerrisseuse commenca par appliquer des toiles d'araignées sur les égratinures de la petite chatte puis se mis à la lacher consciensement.*Je vais attendre qu'elle se réveille pour la guérir. Elle me dira si elle a mal quelque part...*
Des heures passèrent sans que Nuage d'Agrume ne sorte de sa tanière. Elle ne mangea pas et elle ne dormit pas. Elle restait là, collé contre la petite chose, à la lecher et à attendre son réveil.